then you smiled over your shoulder

Eh bien, à dans trois mois dans ce cas. Bonne journée ! Sa poigne était ferme, l’œil vif, mais la passion n'était plus. Il y avait ce doute en lui qui persistait. Celui qui le rongeait de l'intérieur depuis deux semaines maintenant, le laissant les paupières relevées au cœur de la nuit, le cœur battant lorsqu'il frôlait de peu les crises d'angoisses. Une première, dans sa carrière, ce doute, omniprésent. Il lui paralyse les pensées, il est là, de sa voix intérieure, à le faire se questionner sur sa possible présence au bloc opératoire dans les mois à venir. Et pire encore, cette maladie qui semble avoir pris ses aises et se jouer de lui, intervenant en plein milieu de la rue, ce matin-même, alors qu'il marchait pour aller jusqu'à l’hôpital. Cal n'est clairement pas à l'aise avec tout cela. Il évite Mara, le plus possible. La dernière conversation qu'il a eu avec elle ? De simples salutations la veille, au matin, en coup de vent. Et avant cela, pas vraiment plus. La communication n'était pas son fort dans ce genre de situations, mais chacun avait ses tords et travers. Lorsqu'il referma la porte de son bureau, il vint s'asseoir à son fauteuil. Il prit le temps de feuilleter quelques dossiers et son attention le décida d'en rechercher un qui aurait l'unique but de lui trouver un prétexte. Je vais discuter du cas Milchievik avec une consœur, je reviens plus tard. - Mais Monsieur, votre rendez-vous de seize heures arrive dans peu de temps.. - Il attendra. Dossier en main, il parcourut quelques couloirs avant d'arriver au pôle pédiatrique de l’hôpital. Le regard décidé, les pensées effilées, il ne remarqua pas les quelques 'bonjour' timides lancés à son adresse. Lorsqu'il arriva près du bureau de Cessi, il s'immobilisa. Sa secrétaire sembla s'en rendre compte et un fin sourire sur les lèvres, elle l'invita à continuer sa marche. Dr Burghs n'a pas de rendez-vous avant seize heures et quart, vous pouvez venir la voir. Peut-être habituée à voir Cal visiter Cessi entre deux rendez-vous, son petit sourire en coin en disait long. Et leur baiser échangé devint un peu plus présent dans sa mémoire. Était-ce évident, que les deux médecins filaient depuis un certain temps sur la dangereuse pente de la liaison ? Cal acquiesça en direction de la jeune femme, toujours silencieux. Il reprit son chemin jusqu'à la porte de son amie. Ils n'étaient pas dans une liaison. Ce baiser n'était rien. Juste présent dans un moment de faiblesse, il ne voulait rien dire. Cessi avait seulement dû ressentir de la pitié pour lui, au mieux de la compassion et ses lèvres s'étaient posées sur les siennes, affectivement, sans sentiments. N'est-ce pas ?
Son index tapa deux fois contre la porte avant qu'il ne passe la tête dans son entrebâillement. Une habitude à lui de frapper, mais d'entrer sans attendre l'accord de son amie. Bonjour, j'aimerais vous parler du cas Milchievik, avez-vous un instant ? annonça t'il assez fort pour que la secrétaire de Cessi l'entende. Et sans se faire prier, il entra et referma la porte derrière lui. Lorsqu'il se retourna, ses yeux ne purent se retenir d'accueillir du regard les douces lèvres de Cessi. Un instant, le temps d'y songer, de se souvenir, de se raccrocher à ce moment qu'ils avaient partagé. Alors il avança, réajusta le col de sa chemise sous sa blouse blanche, puis s'assit sur le canapé personnel de la demoiselle. Et Cal ne parlait toujours pas. Il ne savait pas comment commencer la conversation. Évoquer directement du baiser ? Tourner autour du pot ? Faire comme si rien ne s'était passé ? Au lieu de cela, ses yeux se posèrent sur le nouveau bouquet de fleurs qui habitait ce vase trop souvent vide, sur sa table basse. Jolies. Commenta t'il d'un ton sec. Il ne saurait dire si sa curiosité mal placée l'emmerdait à cet instant là, ou si l'idée qu'un homme venait d'offrir ce bouquet à Cessi ne le dérangeait pas tant que ça. Mes yeux m'ont emmerdé ce matin, j'ai carrément failli passer sous les voitures. Le brun releva le regard vers Cessi, à la fois soucieux de savoir comment elle allait se comporter aujourd'hui, mais soulagé de pouvoir lui parler de tout cela, encore.

then you smiled over your shoulder

Un air soucieux sur le visage, elle longeait les couloirs en direction de son bureau. Alma, pouvez-vous me sauvez la mise et me trouver un rendez-vous pour un télérachis demain début de matinée ? - Entendu dr Burghs. Cessi la remercia d'un sourire bienveillant avant de pénétrer dans son entre. Elle se laissa tomber sur sa chaise dans un long soupire las. Cela faisait plusieurs nuits qu'elle ne dormait que d'un oeil, l'esprit trop emprunt à la réflexion. Elle prétextait être obnubilée par le cas de la petite Cléo atteinte de myopathie de duchennes et présentant ses premiers troubles respiratoires. Mais, même s'il était vrai que le sort de cette patiente l'inquiétait de plus en plus, ce n'était pas ce qui la tenait éveillée le soir venu. L'image de cette femme douce, avenante se mélangeait à celle de ses lèvres se reposant sur d'autres, alors que d'un sommeil lourd son compagnon se reposait dans les bras de Morphée. Accoudée à son bureau, elle se massait délicatement les tempes, puis le bas de ses paupières. Les yeux fermés, elle profitait de ce court moment de calme pour évacuer la pression accumulée par l'angoisse des parents tout au long de la journée. Le regard porté vers la porte, elle s'autorisa quelques secondes de flottement avant de retourner, bien trop vite, à la paperasse qui s'accumulait sur son bureau. Bercée par le cliquetis de son stylo, elle ne porta pas attention aux discours se déroulant à l'extérieur. Cessi était plongée dans la lecture du dossier d'un patient admis quelques heures plus, les doigts plongés dans sa chevelure, s'amusant à s'enrouler autour des mèches rebelles. C'est donc avec surprise qu'elle releva la tête pour accueillir un visiteur qu'elle n'attendait pas.
Bonjour, j'aimerais vous parler du cas Milchievik, avez-vous un instant ? La porte s'était ouverte sans qu'elle ne prononce quoi que ce soit ce qui aurait pu lui mettre sur la piste de l'identité de son visiteur. Sale habitude de Cal dont elle ne s'était jamais plainte. Elle ne pris pas non plus la peine de l'inviter à entrer puisqu'il ne se ferait pas prier pour prendre ses aises. Cessi elle se sentait bien moins sûr d'elle, plus anxieuse. Son regard rencontra le sien et elle put y lire ce qui la hantait depuis plusieurs jours. Et elle songea à cette femme, sa femme et à son propre compagnon. Elle pensa à eux et elle s'efforça de se convaincre que tout n'était qu'erreur et que la vie était ainsi faite. Ce baiser ne représentait rien qu'un moment de faiblesse, un égarement, une folie passagère. Jolies. Son front se plissa avant qu'elle ne comprenne qu'il faisait allusion aux fleurs se trouvant face à lui. Elle senti presque le rouge lui monter aux joues. Merci. Elle éluda la question masquée derrière son ton sec, songeant qu'il n'était pas préférable qu'elle mettre la générosité mal placée de son compagnon sur le tapis. Surtout pas en ce moment où le silence lui pesait sur la conscience. Cessi hésita à prendre la parole en première, mais ne sachant pas non plus si elle devait ou non évoquer ce qu'il s'était déroulé entre eux, elle préfèra se taire. Mes yeux m'ont emmerdé ce matin, j'ai carrément failli passer sous les voitures. Qu'il venait de lui balancer, le plus naturellement du monde. Cessi laissa sa mâchoire se décoller légèrement, le regard ancré dans le sien à la recherche d'une quelconque émotion de sa part. Puis, laissant retomber sur stylo sur son bureau, elle se leva pour le rejoindre. Comment ça emmerdé ? et surtout comment ça passer sous les voitures ? Debout à quelques mètres du canapé où il avait pris place, Cessi bougeait ses mains dans tous les sens. Pourquoi tu m'as pas prévenu plus tôt ? Il est seize heures et toi, tu viens tranquillement t'asseoir là et me balancer que si la chance n'avait pas été de ton côté tu serais sûrement à la morgue à l'heure qu'il est ! C'était désormais des yeux tendrement emplis de rage qui le dévisagent. Elle tournait en rond dans la pièce, s'imaginant la scène et en devenant presque folle. Tu m'énerves qu'elle finit par lâcher tout en se laissant s'écrouler à côté de lui. La tête penchée en arrière, elle finit par redresser le regard dans sa direction, finalement soulagée de le trouver à ses côtés.

C'est uniquement lorsqu'il annonça les faits du matin-même, qu'elle réagit. Cal l'observa être un instant stupéfaite, avant d'accrocher longuement son regard et de se lever pour le rejoindre. Et il aimait sa réaction, au fond, ça lui plaisait qu'elle réagisse ainsi. Parce qu'elle tenait à lui, tout simplement. Et peut-être avait-il fait exprès de ne pas prendre de pincettes pour lui évoquer toute la vérité de sa mésaventure, peut-être avait-il désiré une réaction comme celle-ci. Pour la provoquer, pour l'interpeller. Surement même pour combler et légitimer une conversation avec elle. Sa plus fidèle amie. Sa Cessi. Comment ça emmerdé ? et surtout comment ça passer sous les voitures ?  Elle semblait inquiète, réellement inquiète et les sourcils du brun se froncèrent. Au final, il aurait peut-être dû faire preuve de délicatesse. Pourquoi tu m'as pas prévenu plus tôt ? Il est seize heures et toi, tu viens tranquillement t'asseoir là et me balancer que si la chance n'avait pas été de ton côté tu serais sûrement à la morgue à l'heure qu'il est ! Une Cessi particulièrement retournée lui faisait face. Ses mains fustigeant les airs, ses yeux lui montrant l'inquiétude l'habitant, mais aussi son énervement. Cal ouvrait la bouche pour la refermer par la suite, coupé dans son élan à chaque phrase qu'elle énonçait. Elle lui passait un véritable sermon. Tu m'énerves finit-elle par lui lancer avant de s'asseoir à ses côtés. Comme avant, comme si rien ne s'était passé. Et il continuait de l'observer, encore. A la fois amusé et touché par sa performance. Je suis désolé Cee. Et les anciennes habitudes revenaient tout comme son bras passait derrière la nuque de son amie. Ils en avaient passé des heures à papoter, comme ça, à décompresser. Etre tactile, ce n'était pas le domaine où Cal excellait le plus, mais avec Cessi, tout comme Mara, ça avait été instinctif. Ils n'y réfléchissaient pas, ils étaient tout simplement assez à l'aise pour faire ce genre de gestes. Mais était-ce encore le cas, après ce baiser ? C'est ce que Cal voulait savoir. Et peut-être parce que cette fois-ci, il réfléchissait réellement à son geste, qu'il sentit la différence. Ce léger frisson lui remontant l'échine, l’électrisant d'une bien drôle de façon. Il continua d'un ton calme. Je sais pas trop ce qu'il s'est passé. J'attendais de traverser et ma vue s'en est allée en quelques secondes à peine, moins d'une minute cette fois-ci. Je m'étais levé tôt, j'avais fait mon sport, ça faisait bien quatre heures que j'étais levé. Et une femme m'a rattrapé au dernier moment alors que je m'avançais sans vraiment trop savoir où j'allais.. Il se passa une main sur le visage, s'attardant sur ses paupières qu'il pressa avec deux de ses doigts. Après un soupire, il continua. Et je ne t'ai pas prévenu, parce que j'ai pas osé. J'ai préféré me replonger dans le boulot, j'étais en retard. Mais je suis là maintenant.. Pouvoir parler de tout cela à Cessi était un bien salvateur pour Cal. Il était reconnaissant d'avoir une oreille attentive. La seule à disposition, celle qui semblait comprendre, celle qui épaulait.
Et son regard vira de nouveau sur ce bouquet, à deux pas d'eux deux. Et son pied n'avait que l'envie de frapper cette table basse pour faire tomber ce vase et voir ces fleurs s'écraser à terre. Parce que d'une certaine façon, elles étaient là, fières, éclatantes, le narguant. Et des questions l'assaillaient. Pourquoi avait-il ce ressenti si particulier qu'il n'avait jamais eu dans le passé ? Pourquoi fallait-il qu'il soit autant affecté après ce baiser ? Le doux parfum de sa collègue l'apaisait et il se retint de faire tout autre commentaire.

Ce n'est qu'une fois dans le confort offert par le canapé, que Cessi se permis de reprendre son souffle. Une grande tirade, beaucoup d'émotions, pour une situation qui au final n'avait pas été si terrible que ça. Mais si elle avait réagit avec autant d'excès, c'est qu'elle ne supportait pas l'idée de perdre quelqu'un d'autre. Elle qui avait dû endurer la perte d'un être cher ne pouvait se faire à l'idée que ses proches disparaissent autour d'elle comme des petits fours à une bar mitsva. Sa respiration profonde faisait remonter délicatement sa poitrine, tandis que ses yeux rivés vers Cal le punissaient de l'ascenseur émotionnel qu'il venait de lui faire endurer. D'un naturel perturbant son bras se glissa au creux de sa nuque, laissant sur son passage une chaleur étouffante. Et si elle n'y avait pas porter attention plus tôt, le contact de son bras contre sa peau titillait ses tripes d'une façon qu'elle ne pouvait ignorer. Je suis désolé Cee. Les bras croisés contre sa poitrine, Cessi était bien décidée à ne pas se laisser amadouer. Elle qui laissait bien trop souvent tout passer, restait plus énervée que soulagée par cet aveu. Je sais pas trop ce qu'il s'est passé. J'attendais de traverser et ma vue s'en est allée en quelques secondes à peine, moins d'une minute cette fois-ci. Je m'étais levé tôt, j'avais fait mon sport, ça faisait bien quatre heures que j'étais levé. Et une femme m'a rattrapé au dernier moment alors que je m'avançais sans vraiment trop savoir où j'allais.. Au fur et à mesure de son discours, la tension qui maintenait ses épaules au zénith se relâcha, ses muscles tendus se délassèrent et son regard en devint plus attentif. Et je ne t'ai pas prévenu, parce que j'ai pas osé. J'ai préféré me replonger dans le boulot, j'étais en retard. Mais je suis là maintenant.. Ces mots réconfortants, l'apaisèrent au point qu'elle en oubliait presque cette distance invisible qu'elle s'était promise de mettre en entre eux. Cette limite qu'elle ne franchirait pas tant qu'elle ne saurait pas ce que ce baiser signifiait à son égard. Tant qu'elle marchait sur le fil dangereux de la passion qui la mènerait sans nul doute à l'adultère. C'est ces barrières qui doucement étaient tombées. Ces barrières qui, à terre, ne l'empêchait plus de venir se blottir contre lui. Et c'est son regard, fuyant, persistant en direction du vase qui la retint de faire un pas de plus, le pas de trop. Cessi se redressa vivement, sans doute trop pour être crédible. Elle s'avança sur son assise, fixant à son tour le bouquet de fleurs trônant fièrement sur la table basse. Et ... Perdue dans sa contemplation, elle releva le regard dans sa direction avant de terminer une phrase qui n'avait pour but qu'une distraction. Et ça t'arrive souvent, ce genre d'épisodes ? Elle sait que ce n'est pas bon, que cette maladie est la pire chose qui puisse lui arriver. Et elle sait surtout que son devoir serait d'en faire part à leur hiérarchie. Pourtant elle ne parvient pas à s'y résigner, trop loyale sans doute. Ou bien terrifiée à l'idée de ne plus le côtoyer, peut-être. C'est des cambria. se sentit-elle étrangement obligée de préciser. Je préfère de loin les dendrobium, mais on a pas toujours ce qu'on veut dans la vie.. Cessi fut la première étonnée de la tournure qu'elle venait de donner à ses mots. Fuyante, elle hésita même à se laisser à cet élan d'impulsivité qui la poussait à jeter ces fleurs depuis qu'elle lui avait été livrée.

Son attention virait sur la pendule accrochée plus haut, annonçant qu'il ne lui restait plus que quelques petites minutes en compagnie de son amie. Le temps passait trop vite, en particulier lorsqu'il était en bonne compagnie. Et il s'expliquait sur toute cette histoire, tentant tant bien que mal de la rassurer et de lui apporter la vérité. Parce que s'il ne le faisait pas, à qui d'autre se livrerait-il ? Cal n'était pas seul avec ce poids, ce mensonge, cette connaissance de cette maladie, il avait la chance que Cessi soit dans le secret également. Et il eut une pensée pour Mara. Il se demanda comment elle réagirait, elle, si il venait à lui dévoiler ce qu'il s'était passé le matin-même, mais aussi ces derniers jours. Depuis l'annonce de cette fichue cécité, il n'avait pas eu la force de le lui avouer. Ni même de lui parler d'autre chose, d'utiliser des faux semblants, faire comme si rien était. Parce que Cal, la franchise lui collait trop au teint. Il ne savait mentir, surtout à ses proches. Cacher des informations aussi importantes lui était tout simplement impossible et si il ne savait les dissimuler trop longtemps, lorsqu'il y arrivait, ça le rongeait de l'intérieur. Alors que dire de l'état actuel de Cal, cachant tout cela à sa fiancée depuis le début. Mais Cessi était là et c'était grâce à elle qu'il tenait le coup. Elle s'était redressée, d'un rapide mouvement, faisant lever le sourcil au brun. Il ramena son bras à lui, intrigué. Et ...  commença t'elle, contemplant le bouquet en face d'eux.  Et ça t'arrive souvent, ce genre d'épisodes ? Il caressa de ses iris bleues les épaules de sa collègue, l'air quelque peu soucieux. Il savait qu'elle était en position délicate avec tout cela. Combien même elle prenait à cœur son rôle d'amie fidèle en le soutenant, elle avait son étique de travail, lui demandant de se renseigner pour mieux pouvoir informer l’hôpital. Et il savait qu'un jour il risquerait d'avoir un soucis lors de sa pratique. Cal priait pour que ce jour là, rien de grave n'arrive pas à un patient. Un tantinet égoïste le brun, de risquer une vie pour sa carrière. C'était la première fois, depuis le diagnostique. Donc depuis la toute première fois que cela s'était produit. Il rectifia son assise, lui aussi, désormais les mains jointes. Et il l'observa contempler encore ce bouquet, avant d'en faire un commentaire. C'est des cambria.  commença t'elle. Je préfère de loin les dendrobium, mais on a pas toujours ce qu'on veut dans la vie..  Cal ne put s'empêcher de regarder Cessi, dans un regard en coin, intrigué. Avait-il bien entendu ce qu'elle venait de lui dire ? Il décida de se lever, d'abord avec hésitation, puis convaincu. Sa main attrapa le vase et il l'emporta jusqu'à la poubelle de bureau. Il soutira le tout et les jeta dedans. Posant le vase sans trop de délicatesse sur le bureau, il revint vers le coin canapé. Pourquoi s'embêter avec ce qu'on apprécie moins ? Ils ne dupaient personne, ces petites phrases étaient lourdes de sens, alors qu'ils ne semblaient pas forcément y penser en premier lieu. Je peux les remplacer.. Si tu le veux. Toujours debout, de biais par rapport à elle, son regard était planté dans le sien. Plus très certain de la valeur de son geste plus tôt, attendant la moindre réaction de la part de la jeune femme.

C'était la première fois, depuis le diagnostique. Un sourire apaisé, elle lui porta un regard soulagé. Si cette cécité aussi soudaine que paroxystique l'inquiétait, c'était la façon dont Cal gérait la situation dont elle se souciait le plus. Elle ne pouvait supporter de le fort s'effacer, se consumer à petit feu dans ce silence pesant. Et si elle se montrait aussi présente à ses côtés, elle n'en restait pas moins tiraillée entre ses envies et ses devoirs. Parce que ce n'était pas seulement sa carrière qui était en jeu, mais potentiellement la vie de certains de ses patients. L'idée même qu'il puisse perdre la vue lors d'une opération lui faisait peur, peut être moins qu'à lui, mais elle ne parvenait pas à imaginer de fin heureuse à cette histoire. Et, songeant à tout cette pagaille, elle se perd dans la contemplation de cette variété d'orchidées. Son regard figé le menait à des songes qu'elle s'efforçait d'éviter. Elle qui a toujours mis un point d'ordre à prendre le taureau par les cornes se trouvait bien loin de ces idéaux. Dans ces mensonges et ces non-dits, elle se volait la face violemment. Le regard de Cal pesant sur ses épaules ne la fit que tressaillir, pour autant elle n'en quitta pas son bouquet du regard étrangement hypnotisée par l'objet de son rejet. La poigne ferme de Cal harponnant le vase lui fit relever la tête. D'un regard perdu elle en suivit l'emportement jusqu'à voir les fleurs se mourir au fond de la corbeille. Silencieuse, sa mâchoire chevrotante, les mots se bouleversaient dans son esprit mais aucun ne parvenait à se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres. Pourquoi s'embêter avec ce qu'on apprécie moins ? De nouveau à quelques centimètres d'elle, Cal la surplombait de sa hauteur imposante, bouleversante. Cessi qui s'était laissée jusqu'ici évadée dans la profondeur de ses pupilles reporta son attention sur ces fleurs qu'elle sentait d'ors et déjà dépérir. Et l'image de Jedh lui brouilla la vue. Cessi se sentait honteusement minable, enfermée dans cette relation dont elle n'entrevoit aucune issue. Elle se ment à elle-même en plus de ne plus assumer son rôle de conjointe. Elle n'a plus la force de se battre contre ce sourire qui autrefois l’envoûtait et qu'elle désespère de ne plus connaître. Elle ne supporte plus de sentir son coeur comme enfermé dans cette cage que représente leur histoire, cage qui chaque jour se resserre un peu plus. Alors, prenant appui sur ses cuisses, elle se redresse. Elle se hisse à sa taille, faisant face à Cal. Je peux les remplacer.. Si tu le veux. Elle étaot consciente d'être à l'origine de ces allusions. Mais elle savait également combien il était facile d’interpréter des métaphores en fonction de ses propres estimations. Ca serait bien, oui. Et elle sent sa poitrine remonter vivement. Elle se dévoile un peu derrière ces mots masqués. Mais le doute persiste, celui qui la ronge. La présence de l'autre, des autres. Elle veut se laisser aller à ce désir qui tord son estomac, mais ne parvient pas à faire abstraction de leur situation respective. Si c'était aussi simple que ça ... Délicatement elle approche son corps du sien, désormais à quelques centimètres de Cal. Mais tu penses sincèrement avoir de quoi me les offrir.. ? Elle embrasse sur regard ces lèvres sur lesquelles elle ne peut s'empêcher de loucher, son regard montant et descendant du rouge de ses lèvres à ses yeux lagons. D'une morsure nerveuse de sa lèvre inférieure, elle tente de contenir ce feu qui anime chaque entité de son corps, cherchant de l'aide dans son regard. Elle se laisse envoûtée, prête à succomber. Laissant ses muscles prendre le contrôle, elle diminue la distance du champs magnétique que représente leur visage.
Un bruit sourd, celui d'une main s'écrasant contre une porte. Puis un visage timide, celui d'Alma. Cessi sent son coeur battre contre sa poitrine. Elle qui, l'ouïe fine, venait de s'écarter brusquement de Cal. Un sourire crispé figé sur ses lèvres, elle répond d'un simple regard à sa secrétaire. Bien, dans ce cas tenez moi au courant lorsque vous aurez du nouveau. Un air professionnellement soudainement retrouvé, elle tend sa main à Cal dans l'optique qu'il la lui serre avant de sortir de cette pièce désormais étouffante.