that the game begins

OUTIFITS - Le vrombissement du moteur s’arrête devant la belle propriété des Kessler. Lieu familier, peut-être trop pour Raven, qui une fois qu’elle se redresse de sa moto extirpe un paquet des entrailles de la bête motorisée. Elle se dirige en suite d’un pas serein vers la maison. Elle n’attend guère plus de deux minutes lunettes de soleil sur le bout du nez, avant qu’on ne lui ouvre la porte. Avec entrain et bonheur Madame Kessler l’accueille chaleureusement. Lui glisse quelques compliments sur sa tenue, sur son geste adorable de leur apporter des petits gâteaux de la veille, résultat de sa crise d’ennuie aigu. Elle lui propose de tout déposer dans la cuisine, vu que sa belle au bois dormant de fille est toujours en train d’attendre le prince. Ca n’étonne guère Raven, qui sait qu’Iggy a dû fêter le retour de son frangin, et pas forcément avec le principal concerné. Connaissant Iggy, Raven pouvait se douter qu’elle ait fait une after sans sa famille. Elle jeta sa veste de cuir sur un fauteuil du petit salon, avant d’aller à la cuisine. Elle trouve le manoir toujours aussi surchauffer, mais habituée, elle avait prévu le coup en ne portant qu’un pull à grosse mailles, avec son soutif. Ce qu’elle pouvait se foutre de comment elle est habillée chez les Kessler, y’a pas vraiment de mâles à séduire ici. Elle se sert une tasse de thé, et grimpe sur un plan de travail. Non pas de mâles à harponner, même si la vue n’est pas désagréable. Bien sûr elle n’a jamais été désagréable la vue d’un Kessler, mais la présence du jeune sir Kessler est comme viscéralement insupportable. Le fait qu’il soit de retour ? Ni chaud ni froid pour l’Orbach, qui l’observe entrer dans la cuisine, encore somnolant. Séduisant, elle ne le nie pas, il l’est. Mais ça reste Ander. Et au moment où c’est Ander, la langue de la jeune Orbach se délie comme celle d’un cobra. Attention au venin. – Si tu viens à toucher un de ses cupcakes, ou bien d’envisager de croquer dans un muffin, je serais dans le devoir de te couper la main. Et ça serait, tellement, dommage. Pauvre de ta fiancée, dans l’incapacité de te mettre la bague au doigt. – Elle sirote lentement son thé avec ce regard électrisant poser sur Ander. – Selon mon avis ça serait plus simple qu’elle te passe une corde au cou. Et un pendu ! Un ! – Elle a ce sourire carnassier, cannibale, à faire froid dans le dos de n’importe qui. Ce petite bout de femme qui saute sur ses pieds en retirant ses lunettes, pour dévoiler un regard glacial et enfantin. – Dommage… vraiment dommage que ça ne puisse arriver… Hein ? – Elle emporte cette aura de mystère et toute l’énigme de ses dires dans son sillage pour quitter la cuisine. Elle se dirige vers le grand salon, comme autoguidée par son sixième instinct et n’oublie de gueuler en passant près des escaliers. – Iggy bouge ton cul ! Ton frangin fraîchement revenu va bouffer tous tes muffins ! Ça lui ne suffit pas de s’être pris une balle, il veut qu’on lui coupe la main. Sa fiancée doit être vraiment hideuse pour qu’il ne veuille pas se marier ! – Elle s’affale sur un fauteuil, dépose ses pieds encore chaussé sur la table basse, et profite, jubile. Ça lui a manqué à Raven. Oui un adversaire, un jouet à la hauteur de leurs joutes verbales. Que le jeu commence !

Iggy, elle a les paupières lourdes de l'ivresse passée. Ses poumons toussotent sous la nicotine bien trop accumulée, et c'est tout en élégance qu'elle crache les preuves évidentes. Son lit est vide, et curieusement ce matin la chose ne la dérange pas. Elle a pu réaliser le rêve de toute marmotte, faire l'étoile de mer dans un lit bien trop grand pour elle. L'heure s'affiche sur son portable, ainsi que de trop nombreux messages. Tant pis, elle verrait ça plus tard, quand sa tête sera à nouveau opérationnelle. Et la chose n'était pas gagnée aujourd'hui. Elle n'avait rien mangé depuis midi la veille, et outre son estomac qui criait famine, les nausées étaient bien plus désagréables. Elle maugréa en s'extirpant de son lit, attirée par le remue-ménage au rez-de-chaussée. Elle ouvrit la porte de sa porte, et se ravisa à la dernière seconde au souvenir de son corps nu. Elle ne dormait qu'ainsi, la petite, ne supportant pas d'être emmêlée dans des vêtements la nuit. Ou alors était-ce une question d'habitude. Elle enfile un short qui traîne par là, et un pull qu'elle met dans le mauvais sens. Dans un soupir d'exaspération elle se résigne, et quitte sa chambre comme un zombie, le pas traînant. A peine commence-t-elle à descendre l'escalier qu'elle entend son nom crié de toute part, la faisant grimacer. Puis la voix de son frère lui vient, et c'est morne qu'elle fait demi-tour pour aller lui chercher ses anti-douleurs. Pas même irritée à l'idée qu'il ait pensé à elle en premier, après tout, un petit cachet et un verre de vin rouge pouvaient faire des miracles. Elle achève de descendre en se tenant à la rambarde, bien trop peu assurée de son pas. Et c'est les cheveux en bataille et la trace rouge de l'oreiller sur la joue qu'elle les rejoint dans le salon, étouffant un bâillement. - Vous avez pas fini de brailler? Y en a qui dorment. Dormaient, merci. - Elle glisse les pilules à son frère à son passage, puis part se vautrer dans le canapé, emportant avec elle l'assiette de cupcakes après un rapide détour par la cuisine. Bonté divine, cette fille était parfaite. - Je dois arbitrer quelque chose ou j'peux aller me recoucher? - ajouta-t-elle la bouche pleine, semant des miettes sur ses lèvres. Elle devait reconnaître que depuis quelque temps, la relation Ander/Raven avait virée au règlement de compte. Non pas qu'elle s'en soucie, ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Mais elle n'était pas en état de donner des points. Quoique. - Raven gagne déjà un point avec ses cupcakes. Si tu veux égaliser, j'ai besoin d'un café. - Elle fait les yeux de biche à son frère, sachant pertinemment que le combat est perdu d'avance. Qui sait.