L'hiver le temps qui se rafraîchi, la neige qui commence à tomber. L'hiver est sans nul doute la saison préférée de Gill. Faire les premières traces dans la neige encore fraîche, voir les lumières des décorations s'animer une fois la nuit tombée. Tout ça lui donnait du bôme au coeur. Vêtue d'une écharpe plaide récemment achetée, d'un jeans et de bottines noires, Gillian se dirigea vers le marché de Noël. Chaque année, le maire Canterbury décide d'organiser des animations, afin de rassembler les habitants. Et le marché de Noël était une tradition. Les mains dans les poches, la jeune fille ne savait où se diriger. Vers les chalets proposant des macarons chauds, pour s’empiffrer de gourmandises afin d'évacuer son stress de ces derniers jours ? Vers la scène, pour se vider la tête en écoutant quelques chansons mélodieuses ? Elle n'en savait strictement rien. Son regard se posa sur les différents personnes, des visages connus comme inconnus lui firent face. Elle sourit pour elle-même. Soupira et ferma lentement les yeux, pour respirer les douces odeurs des marrons grillés et du vin chaud. Canterbury lui avait manqué.

Iggy, elle se régale de cette ambiance de noël. L'odeur des sapins, le goût du vin chaud, les guirlandes  qui s'accrochent et inondent la ville de mille et unes couleurs. La rêveuse qu'elle est pourrait se noyer dans ce flot de saveurs et d'odeurs, et dans son monde idéal, noël perdure toute l'année. Et c'est le pas dansant qu'elle se faufile à travers la foule, ne sachant où poser ses yeux d'enfant admirative. Elle est seule à être ravie, Raven traîne la savate quelques pas derrière elle. Elle sait à quel point son amie déteste venir ici, mais Raven sait à quel point elle adore l'ambiance qui s'en dégage. -Allez, arrête de râler, vois à quel point c'est génial! - Elle flâne, ici et là, le museau curieux, l'iris rieur, montrant tout et n'importe quoi du doigt. Elle goûte un marron, et s'extasie devant le goût divin qu'il dégage. Puis, l'odeur du chocolat chaud l'attire, irrésistiblement, et c'est avec malice qu'elle en prend un, discrètement. - T'imagine qu'on aurait pu râter ça? -

Emmitouflée dans son gros pull, remontant son écharpe/châle sur le bout de nez rougi par le froid. Non Raven et le froid/l’hiver ça faisait bien deux. A part ses tenues d’hiver qui la faisait rêver entre pull, et gros sweat, elle n’aimait pas ça. Elle ne pouvait pas sortir sa moto, elle ne pouvait pas faire de voile, et elle ne pouvait pas monter à cheval. Une saison sans intérêt, sauf peut-être un. Le marché de noël. Fallait l’y trainer chaque année, une corvée que Iggy réalisait tous les ans, mais une fois sur place on la rentrait plus, elle choppait la mort pour les fêtes mais qu’importe. Encore une fois, trainée par le bras dans le sillage de sa folle, Raven geint, pestifère qu’elle aurait préféré regarder un film d’Audrey Hepburn avec un chocolat chaud et des madeleines. Bah non Iggy préférait le froid, l’odeur des sapins, les marrons chauds, le chocolat chaud du vieux O’Cock. - Tu fais chier ! - Raven n’est pas dans un bon jour, un jour sans à râler, et rester dans son coin. Elle est comme amer, sans trop savoir pourquoi. Elle suit pourtant le mouvement accepte les trucs qu’Iggy lui fourre dans la tronche. - Ouais on aurait pu… on aurait pu se faire notre propre chocolat chaud, il aurait aussi bien que celui d’O’Cock… - Elle paye leur tasse et trempe ses lèvres dans le breuvage crémeux. Oh que non, elles n’auraient pas pu. Le vieux de Canterbury savait comment faire du chocolat. - Okay pas aussi bon que celui-là. -

Vêtu de son caban noir d'hiver, d'un col roulé tout aussi sombre et de gants en cuir habillant ses mains dissimulées dans ses poches, Ander arrivait au marché de Noël de Canterbury. C'était une habitude que tous les Kessler avaient de fêter Noël et de participer aux événements de la ville. Et il avait beau avoir voyagé un peu partout dans le monde, il aimait se retrouver à Canterbury l'hiver, revoir toutes ces têtes familières, à nouveau fouler les petites rues pavées de sa ville natale. Et c'est l'odeur du chocolat chaud qui mena ses pas vers un stand. Il laissa un bon billet dans l'urne de récolte, décrochant au passage les sourires ravis de deux demoiselles. Et cette douceur vint le réchauffer, alors qu'il buvait déjà deux gorgées. Sa main gauche ne pu tenir bien longtemps le gobelet, tremblant légèrement. Agacé, il jeta le verre encore à moitié rempli dans la poubelle la plus proche et remettant ses mains dans son caban, son pas se pressa au milieu de la foule. Son regard était froid, il montrait la distance qu'il voulait émettre en lui et le reste du monde. Ander souhaitait seulement oublier sa nouvelle cécité, en ce jour de réjouissance. Mais peut-être aurait-il dû rester chez lui.

Vêtue d'une robe vert sapin effet velours, j'avais choisi de m'emmitoufler dans mon dufflecoat noir. Coupé au niveau des hanches, on parvenait à distinguer ma robe en dessous. Quitte à aller au marché de Noël, j’avais choisi d'être dans le thème. La période de Noël était ma période favorite de l'année. Je prenais toujours soin de ressortir mes vêtements bordeaux et vert de mon placard "Hiver". J'avais chaussé des bottines noires plates, historie de ne pas me tordre le pied sur les pavés. Je n'avais pas envie de me rétamer devant tout le monde. J'avais pris le soin de venir à pied, je ne venais pas de si loin que ça après tout. Un sourire aux lèvres, je m'achetais une part de pain d'épices et un verre de vin chaud. Mes mitaines me couvraient les mains et le vin allait finir de me réchauffer. Au loin, je n'eus aucun mal à reconnaître Ander, mon fiancé. Beau, grand, il avait l'air de faire la tête. D'un pas décidé, je vins à sa rencontre. Hey chéri. Tu aurais dû me dire, nous serions venus ensemble. Le "chéri" me râpa la gorge, je crus que ma langue allait fourcher en le prononçant. Mon pain d'épices à la main, je lui tendis en souriant. T'en veux un morceau ?

Il était prêt à s'en aller, le pas déterminé, se frayant un chemin parmi la foule. Des éclats de rires lui venaient aux oreilles, tout comme de multiples discussions, ce bruit incessant que les habitants de Canterbury ne cessaient de faire. Et soudain, il n'était plus dans la contemplation du marché de Noël, dans l'admiration de l'esprit de fête et l'appréciation d'être en temps de réjouissances. Il ne voulait que retourner chez lui, se sortir un verre d'alcool fort et se changer les idées. Mais c'est une voix familière qui l'interpella. Celle de sa fiancée. Et il tiqua au mot "chéri". Ils n'étaient pas le genre de couple à utiliser des petits surnoms affectifs.. peut-être parce qu'ils n'y pensaient tout simplement pas. Il ne s'imaginait pas, par exemple, l'appeler "ma douce" comme ça, dans l'intimité ou même ici, parmi la foule. Et c'est de cette foule qu'il réussit à se détacher tout comme ses pensées se focalisaient désormais sur Merry et non pas cette envie de fuir. Elle semblait contente de le voir, elle lui fit décrocher un sourire. T'en veux un morceau ? - Non, non merci ça ira. Il ne pouvait supporter le goût du pain d'épice et il ne pu cacher une légère grimace. Tu es là depuis longtemps ? Peut-être lui trouverait-il un cadeau de Noël parmi les stands.

Depuis bien des années, le temps des fêtes semblait ne plus préoccuper Reed. Seul, la majeure partie du temps durant cette période, il n’avait à peine quelques cadeaux à acheter, puis à faire livrer le jour même. Au fil des années, il s’était isolé de toutes ces festivités, n’acceptant qu’une fois sur deux la lourde proposition de sa sœur à passer le temps des fêtes à Canterbury. Pourtant, s’il avait su qu’il se retrouverait sans elle, du jour au lendemain, il aurait fait l’effort de venir de lui-même lors de cette période qui était si importante pour elle. Mais maintenant, il ne pouvait plus se défiler. La petite Lou au bout son bras, il avait pris la radicale décision de sortir un peu de sa tanière, afin d’amener sa nièce au marché de Noël qu’organisait la ville. Il se souvenait d’ailleurs, y avoir été alors qu’il était plus jeune. Malgré tout, il se doutait bien que cela avait dû changer drôlement avec le temps. Et il ne s’était pas tromper. Ce marché étant bien plus grand que dans son souvenir, pourtant une toute autre atmosphère s’en dégagea. Tout le monde semblait heureux. Avec un petit pincement au cœur, il lança un petit sourire à la gamine, ne pouvant s’empêcher d’être touché par cet émerveillement qui grandissait dans ses yeux. « Reste près de moi », avait-il adressé à Lou qui semblait déjà ne plus tenir en place.  Pourtant, il ne pouvait se permettre de la perdre de vue dans un endroit comme celui-ci.

Elle rit, Iggy, et se joint au délice de son amie pour le chocolat chaud. Non, définitivement, le vieux O'Cock était le meilleur en la matière, cela ne faisait aucun doute. Mais ce qu'elle attendait avec une impatience infinie, c'était le feu d'artifice, qui ne débuterait qu'une fois la nuit noire. Et ça les feux d'artifices, Iggy, elle est comme une enfant qui attend noël. Elle virevolte sur elle-même, le pied dansant, et reste persuadée que sa bonne humeur gagnera Raven. Ou pas, à en juger son minois morose. Mais elle ne se démord pas, et glisse son bras sous le sien en l'amenant au stand de pain d'épice. Son péché mignon. - Après avoir goûté ça, tu n'auras plus le droit d'être grognon. - Et elle lui donne la becquée, comme une mère le ferait avec son enfant. Et ravive ses papilles de cette gourmandise enfantine, en reprenant une bouchée de plus sous l'effet du sucre. Et alors qu'elle tendait la main pour lui en redonner un morceau, elle s'immobilisa à la vue de son frère. Et de sa fiancée. Elle savait que la rencontre allait être explosive, surtout avec Raven dans les parages. Mais naïve, confiante en la magie de noël, elle trépigne sur place et se saisit de la main de son amie, trottinant jusqu'à eux. - Toujours cet air lugubre Kessler, sourit que diable. - Dit-elle en s'arrêtant près du jeune couple, un sourire aux lèvres. Ses lèvres déposent un malicieux baiser sur la joue de son aîné, maintenant Raven par le bras. - Vous restez pour les feux d'artifices? - Douce, et naïve Iggy.

Même la chaleur de l’onctueuse boisson, ou l’aura solaire d’Iggy n’arrive à la dérider la petite Orbach. La princesse est bien partie pour être maussade sans de réelles raisons, ou des raisons dont elle se souvient. Noël approchant elle devrait être cette gamine, mais elle ne l’est pas. Dans deux mois elle fêtera bien tristement l’anniversaire funeste de son accident. Non, pas son genre à la petite de ressasser ou de trop penser, mais rien n’y fait. Elle accepte d’être maternée par Iggy, et la suit comme son baluchon sur son épaule. Elle est tirée, ballotée la Raven et se retrouve totalement trainée sans son avis vers la seule et unique personne qu’elle aurait pas voulu voir, n’étant pas dans son assiette. Accompagnée, Raven s’en contre fiche bien. Elle accompagne les dires qui se voulaient drôle, par son venin. – Faudrait encore qu’il ait les muscles adéquates. – Elle lui adresse un regard désabusé un instant avant de lui offrir son sourire le plus hypocrite, même s’il est fâde aujourd’hui. Elle a froid la petite, elle se chauffe les mains comme elle peut, car comme à chaque fois, elle a laissé ses gants l’idiote. Toujours bras dessus bras dessous avec Iggy, elle grimace quand elle se retrouve trop près d’Ander, dépassant la limite du supportable pour eux. Aussitôt elle est foudroyée par un de ces affreux maux de crânes qu’elle a depuis son réveil. De sa main libre elle se masse la tempe en dissimulant sa douleur et toute grimace révélatrice. Cette période de l’année n’allait pas lui réussir, sans qu’elle sache, qu’elle se souvienne pourquoi. De son autre main elle attrape la clé dans sa poche et la fait tourner à l’air libre entre ses doigts pour se concentrer sur quelque chose autre que la présence d’Ander ou de ce mal de tête persistant. – Pourquoi demandes tu ça à monsieur solennel, il n’y aucun intérêt pour lui non ? – Elle lui n’adresse pas un regard cette fois, ignorant toujours royalement la compagnie en plus, totalement inutile aux yeux de Raven, elle va même lui faire dos pour regarder Iggy. – J’vais rentrer, je ne me sens pas bien… -