Depuis quelques temps, Toni avait l’impression que sa vie lui échappait. Elle qui, habituellement, avait toujours la situation en main se sentait dépassée. Bien sur, personne ne s’en rendait compte, elle savait comment gérer son image publique et ne souhaitait pas que sa réputation soit mise à mal par ses problèmes personnels. Si aux yeux de l’Angleterre – et du monde entier – tout semblait aller pour le mieux dans la vie d’Antonia Hayward, ce n’était qu’apparence et sa réalité était bien différente. Cela faisait des jours qu’elle ne faisait que croiser son mari, préférant passer ses journaux au bureau, à se noyer dans la masse de travail qu’offrait la période des fêtes de fin d’année. Cette attitude était lourde de sens quant à la fragilité de sa relation, elle aussi bien que son époux en avait conscience. Et il y avait cette décision qu’elle devait prendre, toutes ces idées qui tournaient tout le jour durant dans son esprit : le bébé. Elle se sentait seule avec son secret, la communication étant rompue entre son mari et elle, elle n’avait le loisir d’en discuter avec personne. Toni n’était pas friande des appels au secours et préférait en général être la seule aux commandes, mais pour une fois, elle avait besoin de conseils. Elle n’avait pas envie de se tourner vers sa famille, même les Hayward n’étaient pas au courant et elle n’avait pas envie que ça change pour le moment. Si l’information tombait entre les mains de sa mère, elle n’aurait plus aucun poids sur la décision ; hors ce bébé était le sien, pas celui de Diane. La décision de le garder ou non lui revenait donc entièrement – à son mari aussi, bien qu’elle ait plus de mal à l’accepter.
Toni fit appeler son assistante, qui se présenta rapidement à la porte de son bureau. Après une courte hésitation, elle fit annuler tous les rendez-vous qu’elle avait cet après-midi là, sans donner plus d’explications. Etre Antonia Hayward donnait quelques privilèges, comme celui de ne pas se justifier lorsqu’on manque à ses obligations. S’il était rare qu’elle agisse comme une starlette, parfois elle n’avait pas d’autre choix. Elle chercha dans son portable le numéro d’Adalyn, une amie des plus fidèles, pour l’inviter à passer la journée au spa. Elle espérait que la blonde lui accorderait un moment, elle avait besoin de discuter et Adalyn était la seule personne à qui elle avait envie de se confier au moment présent. Quelques minutes plus tard, après une réponse positive, Antonia se dirigeait en direction de son établissement de prédilection, espérant se soulager de quelques tensions en même temps qu’elle viderait son sac. Elle se dirigea vers l’accueil pour attendre l’arrivée de son amie.